Tisseur de Rêves Maître du Jeu
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| Sujet: Extrait chapitre 5 - "La pantin brisé" Dim 29 Nov - 13:47 | |
| Elle était assise là, sur un rocher, déesse au teint pâle, suave fleur parmi les fleurs, rose noire au milieu d’un monde coloré. Le vent bruissait dans l’herbe douce, caressant les tiges des fleurs aux couleurs enchanteresses qui formaient un tapis de soie en dessous de la jeune femme, faisant frémir l’eau fraîche du ruisseau bleu dans lequel ses pieds nus et blancs trempaient silencieusement. L’étoffe de sa robe relevée dévoilait de fines jambes couleur neige, et en disait long sur son âge et ses formes.
Elle était la perfection incarnée, et, à la contempler ainsi, Théobald crut voir là le plus somptueux de tous les tableaux, représentant la Muse des poètes se baignant au milieu du plus beau paysage que l’on eut pu imaginer. Une faible brise venait de temps à autres jouer avec les cheveux d’or de la belle qui scintillaient au soleil, et faisait virevolter pétales et feuilles autour d’elle, comme si la nature cherchait à louer la beauté de cet Ange descendu sur Isaia.
Mais cette magnifique peinture de la Beauté en son essence même s’estompait au fur et à mesure que le regard de la déesse s’attristait. Et plus la lueur de vie qui brillait dans ses yeux s’éteignait, plus la nature perdait de ses attraits…
La belle soupire, et son souffle devient poison…il noircit l’herbe et les arbres, fane les fleurs et dessèche les feuilles, puis se change en un vent glacial qui apporte sur l’eau froide et grise du ruisseau quelques feuilles mortes et des pétales sans couleurs.
Le chant mélodieux des oiseaux s’était tu, et le silence de la mort régnait à présent en maître. Quelques secondes seulement lui avaient suffi, quelques secondes de tristesse, et tout ce qui l’entourait était devenu aussi morne qu’elle-même. La nature avait reflété son âme dans toute sa profondeur : morne et froide, digne d’une déesse de la Mort.
Ainsi était-elle assise, au milieu du chaos, le cœur brisé, l’âme torturée, condamnée à ne voir que la mort, et à ne vivre qu’à travers elle. Esseulée elle était, mais nul autre que Théobald n’avait pu déceler en elle cette triste sensibilité, ce désir ardent de vivre, et cette conscience des chaînes qu’elle portait. | |
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